Certains les trouvent plus difficiles ! D’autres pensent qu’il faut stimuler leur curiositĂ©. Mais qu’est-ce qui fait la capacitĂ© des enfants de dĂ©passer le connu et d’apprĂ©cier des aliments ? Le rejet est une phase normale de dĂ©veloppement, mais notre environnement moderne l’accentue. Dans cet Ă©pisode, Gilles Daveau Ă©voque la nĂ©ophobie alimentaire, l’impact de l’Ă©ducation sensorielle et quelques clĂ©s pour Ă©veiller l’appĂ©tit des plus jeunes… et des adultes !
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« Cuisiner les légumes »
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Lundi 5 mai Ă 12h30
Mardi 6 mai Ă 20h00
Retranscription :
Les enfants sont de plus en plus difficiles
En lançant cette affirmation, on entend certains dire :
« Ah oui, ils ne veulent plus goûter à rien. Ils n’aiment pas les légumes, je ne sais pas quoi leur faire à manger. »
D’autres, au contraire, sont convaincus que les enfants ne sont pas plus difficiles mais plutôt curieux, et qu’il faut les accompagner.
Un jour, une spĂ©cialiste de l’Ă©ducation au goĂ»t, Madame Marie-Claire Thareau, m’a dit qu’il existait une vraie diffĂ©rence entre :
- Les personnes nĂ©es avant 1970, qui ont appris Ă manger avec ce qu’il y avait, mĂŞme si ce n’Ă©tait pas toujours très attrayant. Les aliments prĂ©fĂ©rĂ©s Ă©taient rĂ©servĂ©s Ă certaines saisons ou Ă des moments exceptionnels.
- Les personnes nées après 1970, qui ont grandi dans un contexte où tout est disponible tout le temps. Dans ce cadre, les aliments les plus attirants et les plus faciles sont privilégiés, notamment pour les enfants.
Lorsque les sensations sont toujours les mêmes, on finit par se limiter aux grandes préférences naturelles :
- Le sucré et le liquide dès la naissance,
- Puis le salé, le gras et le croquant.
Bien sûr, ces grandes tendances varient en fonction des lieux de vie, des milieux et des familles.
L’importance de la stimulation sensorielle
Cette Ă©ducatrice expliquait que, faute de stimulation dans l’enfance, les capacitĂ©s sensorielles d’aimer et d’être curieux de ce que l’on goĂ»te se rĂ©duisent. Pourtant :
- Avant 1 an et demi, les besoins alimentaires sont tels qu’on peut presque tout faire goĂ»ter aux bĂ©bĂ©s, et cela s’inscrit dans leur mĂ©moire.
- Avant 2 ans, apparaît la néophobie alimentaire : une caractéristique des espèces omnivores qui fait que, devenant plus conscients de leurs sensations, les enfants se méfient des aliments qu’ils ne reconnaissent pas, avec le fameux « J’aime pas ».
Pour dépasser cette phase, les enfants doivent être accompagnés par des personnes de confiance (parents ou éducateurs), qui agissent comme des passeurs vers les aliments inconnus. Plusieurs méthodes existent :
- Raconter des histoires
- Faire des expériences au potager ou en cuisine
- Organiser des découvertes sensorielles, en les laissant mettre des mots sur leur goût et leur dégoût.
Lorsqu’ils entendent leurs copains exprimer des perceptions différentes, cela les aide à reconnaître leurs propres sensations, plutôt que de s’arrêter à « J’aime pas ».
Un enjeu qui dépasse l’enfance
On sait aussi que, lors de la pré-adolescence et de l’adolescence, il est normal d’affirmer ses préférences, ses différences et ses refus. Mais les apprentissages de la prime enfance restent ancrés et reviennent plus tard.
Quand des cuisiniers et cuisinières de cantine scolaire se plaignent que les parents n’ont pas fait l’éducation alimentaire de leurs enfants, je leur rappelle que ces mêmes parents n’ont eux-mêmes pas bénéficié de beaucoup d’éducation alimentaire et de stimulations sensorielles variées depuis 50 ans.
Un changement de contexte alimentaire
Le contexte a en effet beaucoup changé :
- Avant, il n’y avait ni congélateurs ni plats préparés, et la majorité des enfants vivaient proches des lieux de production alimentaire.
- Aujourd’hui, les aliments sont souvent éloignés et méconnus, et ce sont principalement les publicités des industries agroalimentaires et des supermarchés qui construisent leur représentation de la nourriture.
Alors, les enfants sont-ils vraiment plus difficiles qu’avant ?
Ou bien est-ce nous, adultes, qui ne fréquentons qu’une petite variété d’aliments bruts et qui manquons de repères et de savoir-faire pour les cuisiner ?
Comment reconnecter les enfants aux légumes ?
Plutôt que de forcer un enfant à manger des légumes, la vraie question est :
Qu’est-ce qui peut les mettre en lien avec ces aliments mal connus et parfois mal amenés ?
Certaines méthodes ne fonctionnent pas :
- Énumérer les ingrédients du plat,
- Dire que c’est bon pour la santé (cela renforce souvent la défiance et la néophobie).
D’autres approches sont plus efficaces :
- Stimuler l’imaginaire,
- Les faire jardiner ou cuisiner,
- Activer les cinq sens,
- Jouer avec les noms ou la forme des plats, en leur donnant une dimension évocatrice.
Une expérience réussie en cantine scolaire
Une expérience extraordinaire a eu lieu dans les cantines de Briançon :
600 enfants ont entièrement mangé des plats inconnus à base de céréales et de légumineuses.
Pourquoi ?
- Les aliments avaient des formes connues.
- Ils étaient associés à des histoires comme Jack et le Haricot Magique, les Contes de Chichelin ou de Grain de Millet, ou encore La Princesse aux Petits Pois.
Conclusion
Avec Alternative Cuisine, je reviendrai bientôt sur cette notion de néophobie alimentaire. Car beaucoup d’adultes eux aussi refusent certains aliments, comme les graines et légumineuses, simplement faute de récits et de formes évocatrices.
Ă€ bientĂ´t !
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