🎙️Podcast #4 : « C’est difficile de respecter les saisons »

par | Juin 19, 2025

Dans ce podcast, le formateur Gilles Daveau aborde la saisonnalité alimentaire autour de trois grandes clés : un sens des aliments connecté aux productions locales, un sens du rythme en phase avec celui du corps, et une cuisine libérée des recettes pour faire à manger avec ce qui se présente.

Pour ne rien rater, je m’abonne !

Pour suivre l’aventure de la crĂ©ation de cette formation et recevoir des contenus jusqu’Ă  sa sortie, abonnez-vous Ă  la liste Alternative Cuisine

Webinaire gratuit les 5 & 6 mai 2025 :
« Cuisiner les légumes »

Rejoignez-nous pour le webinaire.

Lundi 5 mai Ă  12h30

Mardi 6 mai Ă  20h00

Reconnecter notre alimentation au rythme de la nature

Vous écoutez un podcast de Gilles Daveau, cuisinier et formateur pour Alternative Cuisine.

« C’est difficile de respecter les saisons »

Dans ce podcast, voyons s’il est possible de reconnecter notre alimentation au rythme de la nature, dans un monde oĂą tout est disponible tout le temps.

Certains disent que ce n’est pas si difficile de respecter les saisons, mais leur idĂ©e des saisons est parfois sĂ©lective. Beaucoup veulent du fromage de chèvre Ă  NoĂ«l et des avocats dans les salades de juillet.

D’autres reconnaissent que c’est difficile et qu’ils ne connaissent plus très bien les saisons. En hiver, ils ne savent jamais trop quoi faire Ă  manger. En mars, ils n’en peuvent plus des choux et des dernières courges. Ils attendent impatiemment le retour des tomates et des courgettes !

Le cas emblématique des tomates

Alors parlons des tomates, c’est un angle facile.

Quand la plante a eu le temps de son enracinement et de sa croissance au printemps, ses fruits grossissent dans la pleine chaleur et la lumière de l’Ă©tĂ©. Avec un sol vivant et ce qu’il faut d’eau, c’est un superbe cadeau : derrière une peau fine, on trouve un mĂ©lange d’arĂ´mes, de pulpes fondantes et de jus sucrĂ©, juste Ă  la saison oĂą on a le plus besoin de boire.

C’est une expĂ©rience inoubliable pour ceux et celles qui ont pu en croquer, cueillis sur le pied, dans un jardin ou un champ entre juillet et septembre, Ă  pleine maturitĂ©, quand elles sont encore chaudes de soleil.

Mais la tomate, ça n’est pas toujours comme ça ! Et ça n’est pas facile, pour les cantines scolaires par exemple. La pleine saison, celle oĂą les tomates sont vraiment bonnes, arrive avec les grandes vacances et se termine Ă  la Toussaint. Le reste de l’annĂ©e, les tomates de serre chauffĂ©es, mĂŞme locales, ou celles qui sont importĂ©es mĂŞme en bio, sont très mĂ©diocres et ne font que ressembler Ă  des tomates.

C’est pourtant un lĂ©gume que les enfants connaissent bien, beaucoup en mangent toute l’annĂ©e Ă  la maison. Comment retrouver des repères ?

Refaire un lien entre nous et les saisons

Dans le centre de la Turmelière, entre Nantes et Angers, on accueille toute l’annĂ©e des groupes d’enfants en classe verte. Le chef Cyril Bachot, et son Ă©quipe, cuisinent entièrement maison et de saison avec une grande part de produits locaux et bio.

Au premier repas, Cyril vient dans la salle Ă  manger, expliquer son travail aux enfants et ce qu’ils pourront goĂ»ter pendant leur sĂ©jour. Les tomates Ă©tant absentes plus de la moitiĂ© de l’annĂ©e, certains enfants boudent. Alors Cyril leur parle ainsi des saisons :

« Toi, au mois de janvier, quand il gèle, tu ne te promènes pas en t-shirt, en short ou en tongs. L’Ă©tĂ©, tu ne mets pas un manteau, une Ă©charpe et un bonnet. Toute l’annĂ©e, on ne va pas s’habiller pareil ou manger pareil. »

Et oui, peut-ĂŞtre n’avons-nous pas les mĂŞmes besoins par temps chaud ou froid ? L’idĂ©e, c’est d’accompagner ces enfants des primaires Ă  refaire un lien entre eux et ce qu’ils mangent, avec le rythme de la nature autour d’eux, nourrissant l’espoir qu’ils retournent chez les parents avec de nouveaux repères.

Pourquoi parle-t-on de « respecter les saisons » ?

On ne le dit que depuis que tout est disponible tout le temps. Une Ă©volution qu’on croyait ĂŞtre un progrès. Mais le rĂ©sultat n’est pas très probant. Une partie des lĂ©gumes pousse hors du sol, c’est-Ă -dire dĂ©connectĂ©e d’une terre et d’une saison qui permettent une qualitĂ© nettement meilleure.

De plus, avec les mĂŞmes aliments toute l’annĂ©e, la diversitĂ© nutritionnelle tend Ă  s’appauvrir, et on a l’impression de manger toujours pareil. Une bonne partie des mangeurs, enfants ou adultes, n’arrivent plus Ă  sortir du connu. Derrière les grands classiques, nous ne reconnaissons plus des trĂ©sors saisonniers qui pourraient renouveler le plaisir de manger.

ÉloignĂ©s depuis longtemps de lĂ  oĂą les aliments sont cultivĂ©s et les animaux Ă©levĂ©s, nous ne comprenons pas très bien les modes de production et la saisonnalitĂ©. Au quotidien, l’acte d’achat est souvent guidĂ© par :

  • le prix
  • le temps disponible
  • la volontĂ© de prĂ©parer quelque chose d’habituel

Entre la publicitĂ© et les infos alimentaires anxiogènes, la consigne de respecter les saisons a l’air d’une nouvelle contrainte morale et culpabilisante.

Elle pourrait pourtant signifier plus de goût, des produits moins chers et bien plus de variété.

Retrouver le sens des aliments

En fait, l’idĂ©e de respecter les saisons est souvent dĂ©connectĂ©e du sens de ce que sont nos aliments.

Pour les lĂ©gumes, c’est un sens qu’ont naturellement ceux qui font un potager. Ils savent le travail que ça demande, et connaissent les saisons. Ils ont perdu des rĂ©coltes en plantant ou en semant trop tĂ´t ou trop tard.

Ils ont vu que les pleines saisons de haricots, de courgettes et de tomates sont tellement gĂ©nĂ©reuses que mĂŞme en distribuant, il y a trop ! Alors ça leur donne des trĂ©sors Ă  conserver en bocaux, ou congelĂ©s, pour Ă©gayer l’hiver.

Les plus passionnĂ©s s’astreignent Ă  comprendre :

  • le fonctionnement du sol et des plantes
  • le bon arrosage
  • les techniques bio pour Ă©viter de traiter et amĂ©liorer leur rĂ©colte

Mais ça, ça n’arrive qu’Ă  la bonne saison, celle Ă  laquelle les plantes se dĂ©veloppent et rĂ©sistent le mieux.

Pour ceux qui n’ont pas de jardin…

Mais beaucoup d’entre nous n’ont ni le temps, ni les moyens, ni l’envie, ni un jardin. Alors, la reconnexion aux saisons vient en frĂ©quentant les marchĂ©s, les agriculteurs locaux en productions paysannes, ou bio, proches.

Selon les rĂ©gions, ils prolongent lĂ©gèrement la durĂ©e des saisons, ce qui leur permet de sĂ©curiser leurs exploitations, avec des tunnels de culture ouverts, pour les lĂ©gumes par exemple, qui leur permettent d’avoir des courgettes et des concombres dès le mois de mai.

Les circuits courts : un levier pour comprendre

En allant Ă  la ferme, dans des magasins de producteurs ou en s’abonnant Ă  leur panier, ces relations sans intermĂ©diaire, qu’on appelle « circuit court », apportent :

  • les meilleurs prix Ă  la bonne saison
  • une juste rĂ©munĂ©ration de la production
  • le bĂ©nĂ©fice de la confiance
  • une comprĂ©hension du rythme des productions

Les éleveurs et les pêcheurs sont les mieux placés pour nous expliquer les saisons de la viande ou du poisson. Un producteur peut seul nous dire pourquoi, à Noël, ses chèvres sont en congé maternité, pour que le lait et les fromages reviennent ensuite. Et pourquoi les œufs de plein air sont plus petits en hiver.

C’est comme si on devait retrouver le sens du rythme, une cadence entre pĂ©riode avec et pĂ©riode sans. Une succession de moments diffĂ©rents, qui ne durent pas, souvent en phase avec nos propres besoins saisonniers.

La joie des retrouvailles

On le sait avec les fraises : l’absence plusieurs mois d’un type d’aliment renforce le plaisir des retrouvailles.

Et puis il y a aussi cette pĂ©riode courte et riche, en septembre et octobre, quand les lĂ©gumes d’Ă©tĂ©, d’automne et d’hiver se croisent. C’est une transition parfaite, enchantĂ©e, oĂą l’on peut tout essayer pour se prĂ©parer au temps plus froid.

Des techniques culinaires au service de la saisonnalité

Suivre les saisons, c’est aussi ĂŞtre en mesure de prĂ©parer Ă  manger avec ce qui se prĂ©sente au fil de l’annĂ©e sans y passer tout son temps.

En tant que restaurateur et formateur, j’ai toujours Ă©tĂ© obligĂ© de suivre les saisons n’utilisant que des produits frais et bio. Et j’ai vite rĂ©alisĂ© que pour faire Ă  manger tous les jours, au rythme d’approvisionnement changeant, l’important ce n’Ă©tait pas les recettes, mais plutĂ´t la maĂ®trise des techniques de base, des modes de cuisson et d’assaisonnement.

Des centaines de personnes ont témoigné que :

  • cuire des lĂ©gumes en suĂ©e couverte ou Ă  l’Ă©touffĂ©e
  • mettre en valeur les parfums ou les Ă©pices

… par exemple, les avaient libĂ©rĂ©s, quels que soient les lĂ©gumes prĂ©parĂ©s.

Des cuisiniers de mĂ©tier ont revu ce qu’ils croyaient pouvoir rĂ©aliser avec des lĂ©gumes très banals. ÉquipĂ©s de ces techniques de base solides, les types de plats qu’on aime prĂ©parer ou partager — tarte, gratin, plat mijotĂ© ou en sauce, galette, riz garni — doivent ĂŞtre dĂ©clinables et s’adapter Ă  tous les produits au rythme oĂą ils arrivent.

Apprivoiser le printemps en cuisine

Dans mon restaurant, avec une carte de trois plats du jour simples, changeant quotidiennement toute l’annĂ©e, j’ai appris par exemple Ă  passer la pĂ©riode dĂ©licate du printemps Ă  la fin des lĂ©gumes d’hiver, en exploitant le potentiel des lĂ©gumes locaux en mars-avril quand le temps s’adoucit et que les feuilles recommencent Ă  croĂ®tre.

Des blettes et des Ă©pinards, bien sĂ»r, sous de multiples formes. Mais aussi, au moment oĂą on n’en peut plus de manger des choux, le merveilleux chou pointu de printemps, tendre et sucrĂ©, dans de simples potĂ©es d’une très grande finesse.

En conclusion

Pour mieux rĂ©ussir Ă  suivre les saisons tout au long de l’annĂ©e, les deux conditions que je trouve essentielles sont :

  1. Renouer, sur un marché ou en visitant des fermes, avec des maraîchers ou éleveurs locaux qui travaillent avec les saisons.
  2. S’Ă©quiper de techniques culinaires ultra simples, efficaces et bien comprises, pour qu’on ait envie de les utiliser au quotidien

… et qu’elles nous permettent de faire un lien inoubliable entre ce qui est bon au goĂ»t, en phase avec le corps et les rythmes de la nature.

Et comme on a parlĂ© des tomates, j’ai trouvĂ© vraiment triste d’apprendre que la Bretagne, ma rĂ©gion de cĹ“ur, jusqu’au pays nantais, avec ses terroirs riches, une rĂ©gion notoirement humide et fraĂ®che, soit la première rĂ©gion productrice de tomates en France. Un premier rang dĂ» Ă  des serres chauffĂ©es, gourmandes en Ă©nergie, livrant toute l’annĂ©e un produit traitĂ© et normalisĂ© dont personne n’apprĂ©cie vraiment la saveur, mĂŞme en Ă©tĂ©.

Des tomates hors sol, pour des mangeurs hors sol, c’est tellement dommage !

Respecter les saisons, c’est se nourrir avec ce qui est proche selon les vĂ©ritables caractĂ©ristiques du territoire et de son climat, et au rythme de la vie : le produit frais et de saison, il pousse tout prĂŞt d’ici.

En dĂ©finitive, les circuits courts, la saisonnalitĂ© et l’agriculture durable sont un seul et mĂŞme sujet, qui devient possible et accessible par notre capacitĂ© Ă  cuisiner maison.

À très bientôt !
Écoutez d’autres podcasts en vous abonnant Ă  l’Alternative Newsletter sur gillesdaveau.com.

Pour ne rien rater, je m’abonne !

Pour suivre l’aventure de la crĂ©ation de cette formation et recevoir des contenus jusqu’Ă  sa sortie, abonnez-vous Ă  la liste Alternative Cuisine

Webinaire gratuit les 5 & 6 mai 2025 :
« Cuisiner les légumes »

Rejoignez-nous pour le webinaire.

Lundi 5 mai Ă  12h30

Mardi 6 mai Ă  20h00

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Un site dĂ©diĂ© Ă  la transmission d’une cuisine simple, Ă  la diversification vĂ©gĂ©tale, Ă  l’accessibilitĂ© Ă  la qualitĂ© pour tous.

Le parcours et l’approche originale d’un cuisinier pĂ©dagogue auprès de tous les publics et des professionnels de la restauration collective.

Un discours ouvert et des outils très pratiques pour évoluer dans la cuisine du quotidien, à retrouver dans 4 livres 

  • « le Manuel de Cuisine alternative » 
  • « Savez-vous goĂ»ter les lĂ©gumes secs »
  • « Manger moins et mieux de viande »
  • « Cuisiner Simple et Bon »
Gilles Daveau filme sa formation dans sa cuisine

Alternative cuisine

Sortie en novembre 2025

2025, Gilles arrête les cours et ateliers en présentiel et se consacre à la compilation de 38 ans d'expérience dans une formation complète en ligne.

Préventes ouvertes

- 20 % remise de lancement